Western

Imaginez une adaptation de Dom Juan façon western moderne.
Un comédien, Alexis Zagner, belle gueule, au sommet de sa carrière, il incarne le mythe de Dom Juan à la perfection : lui-même vit pour le plaisir de la vie, rejette les contraintes, les règles sociales et morales et bien entendu, il est égoïste, cynique et destructeur...
Une intuition le pousse à prendre la tangente vers l'ouest (le Lot) avant que le scandale éclate.
#metoo étant passé par là, son passé de séducteur pourrait lui exploser au visage à tout moment. À l'instar des héros de western, Alexis quitte la ville, la scène et sa femme, avant la confrontation.
À ce stade, il n'est pas encore « Wanted »...

Au même moment, Aurore, une mère célibataire, la quarantaine, en pleine crise existentielle, revenue de tout, de l'amour surtout qui l'a trop souvent déçue. Elle quitte son « bull shit job », fait ses valises direction les Causses où sa mère, une sorte de mystique voyante, récemment décédée, avait une maison. Aurore y mène enfin une vie paisible avec son môme qui joue avec les pierres de prédiction de sa grand-mère et annonce les présages, l'enfant fait monter la tension et rend le retournement de situation plausible :
Le comédien parisien frappe à la porte de la maison à la tombée de la nuit …

Au-delà de l'intrigue et de ses rebondissements, c'est véritablement la plume de Maria Pourchet qui fait que ce roman est addictif.

Alternant les procédés narratifs, les registres de langue, les références classiques et populaires. Sa langue fuse et frappe. Une même phrase peut être lyrique au début et se terminer par des mots crus et des fulgurances que le lecteur recevra à bout portant, en plein cœur ou en pleine poire. BANG BANG !!!

Cliffhangers, flashback, présages, et pour finir une course contre la montre. Tout y est pour vous accrocher jusqu'au dénouement qui reste ouvert et laisse une place pour la réflexion du lecteur sur les violences et les beautés, le tragique et le comique de notre époque, sur ce qui fait basculer le discours amoureux et le langage de la séduction vers la prédation, la violence morale et l'emprise...

Le style sert admirablement bien le fond et Maria Pourchet atteint ses cibles dans le mille !

[Annette]