Trois fois la colère

Ce nouveau roman de Laurine Roux est tout à fait charmant. Au sens fort. Le lecteur est pris dès les premières pages par le charme de cette histoire sise au Moyen-Âge, en des terres rurales quelque part aux confins des Alpes. Et les intitulés de parties n'y sont pas pour rien: "Racine", "Branche", "Sève", "Drageon". Il est question d'une vengeance patiemment murie, d'un destin accompli, d'une colère ancestrale, d'une révolte qui sourd, de violence masculine, de soif de pouvoir, de folie, de croyances et de crédulité. Au milieu de paysages tour à tour magnifiques et inquiétants, l'autrice déroule l'histoire d'humains au coeur empli de bonté quand d'autres ne sont que noirceur, étouffés par l'aigreur, la malveillance et la jalousie. 

D'un côté, le terrible Hugon, horrible seigneur qui tue, pille, viole quand ça lui chante et de l'autre Miou, qui accomplit son destin et venge plusieurs générations de femmes. On est embarqué dans ce récit au souffle romanesque impressionnant où la langue est ciselée, poétique et magique. C'est un récit sombre et lumineux à la fois car il met en scène des personnages incroyables de cruauté ou de candeur. Parmi eux, Mange-ciel, attardée mentale qui dévore la vie par tous les bouts, La Prodigue, sorte de sorcière, rebouteuse qui garde la mémoire des lignées, le moine Guillaume et Pietro le Lombard qui découvrent une force qui les dépasse... voici quelques-uns des personnages très incarnés de ce nouveau roman de Laurine Roux qui a des allures de fable, de conte médiéval mais qui aborde des thèmes tout à fait contemporains.

C'est un régal de lecture, un petit pas de côté dans cette rentrée littéraire placée sous le signe des histoires de famille....

Foncez!

[Laure]