#Roman
Miracles chez les paumés!
Joseph INCARDONA
Stella et l'Amérique
ALLELUIA!!! Joseph Incardona a encore frappé!!! Voici le nouveau roman du génial écrivain et traducteur italo-suisse: Stella et l'Amérique. C'est une lecture absolument jubilatoire, une histoire dingue de prostituée qui fait des miracles, une fille des rues qui guérit les malades et les éclopés par le sexe. Et le Vatican peut trembler: le nouveau messie est une femme! et c'est une p***!
Avec un sens aiguisé du rythme , un humour mordant, de nombreuses incisions dans le récit d'un narrateur (double de l'auteur?) omniscient, Joseph Incardona embarque le lecteur aux USA (Georgie, Floride et Texas), dans les marges, auprès d'exilés du bonheur qui n'ont pas renoncé. Il nous sert une galerie de personnages très incarnés, embarqués dans une histoire dingue qui les dépasse, nous offre des dialogues truculents qui sonnent comme au cinéma, comme l'ensemble du roman, d'ailleurs, très cinématographique. Le seul reproche que l'on puisse faire à ce roman, c'est qu'il est trop court.... on aurait aimé poursuivre l'histoire, rester avec ces personnages:
Stella, l'héroïne, une "mater meretrecis", genre de Marie-Madeleine pas très jolie ni très futée mais sincère et loyale, et "dans une vie quand on y pense ça peut suffire pour devenir une sainte." Elle accomplit donc des "résorptions" pour ne pas dire "miracles"...
Santa Muerte, la géniale Santa Muerte et son amoureux Tarzan, gitane de 89 ans qui carbure au Mezcal, fume uniquement des clopes sans filtre, prédit l'avenir dans sa boule de cristal et parle aux fantômes.
Le Père Brown (James Brown, non vous ne rêvez pas!) qui, sans le vouloir, a enclenché un engrenage fatal... on pense à Harvey Keitel dans Une Nuit en enfer de Robert Rodriguez pour le côté brute, "gueule estampillée" (ancien Navy Seal, missionnaire en Sierra Leone et au Rwanda) et pasteur en pleine crise de foi.
Sans oublier Rodolphe Krüger, le Pape, alias Simon II ou le terrible cardinal Carter (Jeremy...), homme lubrique qui a des "pensées sodomites et contre nature selon la Sainte Eglise et notre ami Paul de Tarse"... ou encore la redoutable Brenda Moore, véritable bombe aux yeux verts qui chapeaute les pires tueurs à gage de tous les temps: William et Michael Bronski... mieux vaut ne pas croiser leur chemin.
Le génie de l'auteur est de brosser ici le portrait d'une humanité complexe: il fait se côtoyer ce que l'humain a fait de mieux et de pire. Les êtres les plus purs, les plus lumineux, des créatures sans malice, emplies de l'amour du prochain croisent la route des tueurs les plus tarés de l'histoire du crime (qui tiennent le décompte de toutes les "âmes" qu'ils ont prises, soit 1239...) des monstres repoussants de noirceur, des hommes d'église sans scrupule, hypocrites et vénaux, des femmes de pouvoir cupides, sans cœur, convaincues que tout s'achète en ce bas-monde, les principes comme les valeurs... Ce sont les failles de chacun qui sont mises en avant, la fragilité des individus imparfaits par nature... Même les salopards sont attendrissants (non, pas tous!).
Stella et l'Amérique est un roman vitaminé, une œuvre absolument divertissante, très bien écrite, très rythmée où j'ai ri plus d'une fois, où j'ai relu certains passages tellement j'ai trouvé ça génial.... Si vous avez envie de rire, de vous amuser, de vous divertir, rejoignez les branques sur les traces de Stella...
[Laure]