Qui tombe des étoiles

Julien D’Abrigeon, poète, écrivain, performeur et cofondateur du collectif et de la revue Boxon, signe ici un roman aussi foisonnant que singulier. Qui tombe des étoiles est un objet littéraire, un mille-feuille protéiforme, un roman-fragment, un roman-montage où les styles, les formes et les voix se croisent, s’entrechoquent, s’élèvent…chutent.

Les cinq premières pages désarçonnent. Dix tout au plus pour s’accoutumer à cette structure libre, mouvante, vertigineuse. Et soudain, quelque chose prend — le rythme, la voix, l’élan. À partir de là, impossible de lâcher le livre.

Des dizaines de personnages défilent, tous réels. Des figures historiques, des oligarques, des artistes, des sportifs… Tous ont tenté, chacun à leur manière, de défier les lois de l’attraction. De s’élever, d’échapper à la pesanteur, de tutoyer les étoiles. Mais inévitablement revient la chute — la gravité, au sens propre comme au figuré, qui nous ramène tous au sol.

Le roman interroge cette injonction moderne à « monter », « gravir », « avancer »… mais pour aller où ? Et après ? Reste la chute, universelle, inéluctable.

La plume de D’Abrigeon est fougueuse et vibrante. Ironique, parfois cynique, teintée d'humour noir, elle flirte souvent avec la poésie sonore. Ça virevolte, ça tourbillonne, ça cogne et ça caresse.

On monte, on descend, on trébuche, on glisse, on s’accroche, on ripe, on décolle, on chute, on s’envole, on atterrit, on s’écrase, on fait fortune, on fait faillite. On laisse échapper des rires. 

Un grand huit de lecture !

[Annette]