#Roman
Prix Stanislas meilleur premier roman 2021
Frédéric PLOUSSARD
Mobylette
Nous sommes dans une cité de Lorraine, en limite de forêt, qui semble cumuler les erreurs d’urbanisme. Dominique, éducateur spécialisé, travaille à « La dent du Diable » , un foyer pour ados en difficulté, (Comment peut-on appeler un foyer ainsi ? ) de ces ados qui, de familles maltraitantes en familles d’accueil, ne savent plus comment exprimer leur mal-être et leur colère. Dom les comprend bien, lui aussi victime d’une famille dysfonctionnelle et asociale qui lui a fait subir brimades et sarcasmes. Et lorsqu’il se retrouve papa, il est tellement pris par ces jeunes qui n’ont que lui comme soutien, qu’il passe à côté de son fils, déclenchant la fureur de sa compagne. Son ami, Matthias, veilleur de nuit dans le centre et grand fumeur de joints, le recueille et les deux compères vont être entrainés dans des aventures loufoques et tragiques.
Un premier roman pour Frédéric Ploussard, un roman plein de fureur, d’humour noir, de tendresse et d’espoir. J’ai ressenti la même sincérité et la même vérité que dans le livre d’Howard Buten Monsieur Butterfly, qui était le roman d’un épisode de sa vie où comme psychologue, il avait pris en charge 4 enfants psychotiques. Dans Mobylette chaque enfant est croqué avec bienveillance et réalisme. Même quand les 2 sœurs Mélanie et Cindy transforment le quotidien en rodéo, il y a toujours en toile de fond l’humanité qui permet de comprendre et l’humour qui déconnecte le sordide. Et on comprend vite que les vrais déviants sont dans les familles et dans le foyer avec un directeur qui veut faire de la rentabilité et préfère résoudre les problèmes existentiels des enfants à coup de médicaments. Quand on lit la biographie de Frédéric Ploussard, on est frappé par les similitudes avec son personnage : le portrait physique c’est lui, très grand, des lunettes, c’est encore lui l’éducateur et le dessinateur. J’espère toutefois que le portrait des parents n’est pas trop réaliste. S’il l’est, l’auteur arrive tout de même à terminer le portrait de ce père abominable sur une note positive !
Bravo Monsieur Ploussard, j’attends votre prochain livre avec impatience ! [Claire]