Nos coups de c½ur

#Roman

Un très joli roman plein d'humour et de tendresse dans la France rurale des années 50.

Martel en tête

André VERS

Martel en tête

Ed. Finitude - juin 2023
Prix : 17.50 ¤
9782363391919

Martel en tête est un roman paru à l'origine en 1967 et écrit par ce moustachu qui pose sur les photos de Georges Brassens, à côté de son pote. Un moustachu à l'air gentil, un bon vivant, un bon copain. Celui sur qui on peut s'appuyer, sur qui on peut compter, comme Jitomir dans ce joli roman très touchant, plein d'humour et de tendresse. Parce que c'est de ça dont il est question dans cette histoire: d'amitié, de tendresse, de respect de son prochain. Aucune date n'est donnée, mais l'histoire, qui met en scène des personnages qui ont fait la Grande Guerre et qui doivent avoir la soixantaine, doit se situer dans les années 50-60, en pleine campagne du Cantal. Pas de tracteur. Des vachers, des fermes, des bistrots où l'on tise beaucoup. On suit Le Bricou, sa femme La Nanette qui lui refuse son lit, Saucisse et ses concours de mâchoire, le Jitomir, copain fidèle, Le Carcan, l'ennemi de toujours, Le Renard, toubib, on découvre l'origine de leur surnom à tous et on se marre. Parce que c'est drôle. Et on se demande bien ce qu'il a ce Bricou, vacher de son état, pourquoi il est si torturé, si convaincu que tout le monde médit de lui dans son dos, jamais en face. Ca, c'est depuis le "malheur" qui lui est arrivé. Comment faire quand on est convaincu que tout le monde autour de soi, ses potes, sa femme y compris, sont ligués, font semblant de rien quand on est là et doivent bien rire dans notre dos sitôt la porte franchie? Comment ne pas devenir fou? Comment ne pas sombrer?

J'ai achevé la lecture de Martel en tête avec un large sourire aux lèvres, sourire qui a mis du temps à disparaître tellement je me suis régalée de cette lecture originale. Rien de ce qui sort aujourd'hui en librairie ne ressemble à ce texte. La préface de Philippe Claudel est absolument magnifique! il rend un très bel hommage à cet écrivain méconnu, oublié, qui a toujours fait passer les copains d'abord, comme son pote Georges. Et pourtant les titres de ces romans font envie: je ne les ai pas lus mais j'ai bien envie de me plonger dans Misère du matin, Gentil n'a qu'un oeil, C'était quand hier? ou Ils étaient chouettes, tes poissons rouges.

On trouve dans cet ouvrage plein de malice, d'humour, de tendresse, d'amour, du bon sens paysan, des p'tites phrases géniales de pilier de comptoir comme "J'ai l'gosier tellement sec que quand je passe ma langue sur le palais, il tombe des copeaux..."

Si vous avez envie de changer d'air, de décor, d'époque, lisez Martel en tête. C'est que du bonheur!!!

[Laure]