Marche ou rêve

Quelle claque !! On ressort groggy de la lecture de ce roman. D’abord parce qu’il est extrêmement bien écrit et qu’il nous emporte dans le quotidien d’un jeune homme atteint de myopathie. Quand on est valide, on ne soupçonne pas la douleur morale et physique d’un corps qui ne répond pas, le carcan du fauteuil, la dépendance au quotidien, le regard des autres ou l’évitement du regard, les mots maladroits ou blessants, la parole charitable.

L’amitié est là, Romain, François et Marco, valides et affectueux, qui l’associent à leurs sorties alcoolisées. Que faire, à part boire, quand on est à hauteur de nombril dans des lieux où les canapés moelleux ont été remplacés par des tabourets hauts ? Et les rencontres amoureuses ?  Sordides ou virtuelles, elles laissent un gout amer… Et quand il accepte un protocole expérimental destiné à diminuer la douleur et retrouver la capacité des muscles, cet espoir fou va lui faire oublier l’amitié et l’amour.

Situé en Corse où vit Ferdinand Laignier-Colonna, le roman est bouleversant par la précision des situations et l’analyse de nos comportements. Le texte est à la fois débordant d'humour, de l’humour amer des gens malheureux,  et de désespoir, le désespoir qu’engendre le renoncement inéluctable à la vie d’homme debout. 

[Claire]