Les monologues d'un hippocampe

Les monologues d'un hippocampe est un roman à double focale ce qui peut être déstabilisant au début mais fait très vite sa force et son originalité.
Le récit alterne entre les chapitres où on suit le quotidien d'une jeune femme en plein chagrin d'amour (sa petite amie l'a quittée, et elle déteste qu'on la quitte).
Et, imprimés avec une typographie différente : les monologues de l'hippocampe.
Hippocampe ? Non, pas l'animal, hein ! la partie du cerveau où on stocke la mémoire émotionnelle consciente.
Chaque monologue (sauf le dernier) explore une partie du corps (cœur, paume, genou etc.) et partage une sorte d'introspection. Une analyse fine, tout en délicatesse, emplie d'images poétiques et facétieuses, des tableaux mouvants d'une beauté stupéfiante.

La narratrice se raconte au style indirect, elle est très attachante malgré sa mauvaise foi (toute à fait assumé), elle maîtrise l'art de la répartie et l'humour pince sans rire à la perfection et parle de ses névroses et traumatismes avec beaucoup de dérision. Elle peut aussi retourner les situations avec déloyauté quand ça l'arrange et ça donne lieu à des dialogues jubilatoires avec les personnages secondaires qui l'entourent.

On a affaire à une autrice qui casse les codes, avec un style personnel très particulier et une ironie décapante.
Stine Pilgaard est experte dans la mise en situation et les associations d'images et d'idées.
Avec des mots tout simples, elle crée des phrases qui défrisent !

 "Je trouve inquiétant que toute l'histoire du monde repose sur une horde d'hippocampes qui chevauchent à travers le temps."

C'est un court roman (192 pages) mais suffisant pour se détendre, s'émouvoir et sourire.
Si vous aimez faire des découvertes qui sortent des sentiers battus, n’hésitez plus !

[Annette]