Les gens de Bilbao naissent où ils veulent

Maria Larrea remonte le file de l'histoire de sa famille et nous embarque dans le récit rocambolesque et sa quête de vérité sur ses origines.

Tout commence en Galice en 1947, une femme, dure comme la pierre, donne naissance à une fille tout en battant un poulpe à mort dans son lavoir.
Elle ne voulait pas d'une fille et va la confier au couvent le plus proche. Cette petite fille, c'est Victoria.

Le ton est donné. cette scène d'ouverture est à la fois dure, émouvante, burlesque et ce rythme, cette énergie sera présente jusqu'à la fin du roman.

A quelques kilomètres de là, à Bilbao, une prostituée obèse donne naissance à un fils, qu'elle ne souhaite pas élever.
Elle l'abandonne chez les jésuites et même si elle ira le voir de temps en temps, elle ne voudra jamais de lui avec elle. Ce petit garçon, c'est Julian.

Quelques années plus tard, Victoria et Julian vont se rencontrer et tomber amoureux l'un de l'autre sur le port du Ferrol (le lieu de naissance de Franco).
Ensemble, ils vont fuir la misère, la dictature et la cruauté de leurs familles et vont s'installer à Paris où Victoria sera femme de ménage et Julian le gardien du théâtre de la Michodière.
Ils vivent dans une des loges du théâtre, deux pièces où ils élèveront une fille : Maria, c'est notre narratrice.

Maria grandit dans l'odeur d'eau de javel et de légumineuses cuisinées inlassablement par sa mère et sera entourée par les armes de son père passablement alcoolique et nationaliste ...
Elle va pourtant s'en sortir, faire des études de cinéma à la FEMIS et fonder sa propre famille.
Elle a maintenant 27 ans.
Mais, elle sent quelque chose de trouble, une douleur qu'elle ne s'explique pas et fini par consulter une tarologue qui va lui faire des révélations sur son père - qui ne serait peut-être pas son père biologique - et l'invite à interroger sa mère sur sa naissance...

Ici, commence la deuxième partie du roman, qui prend l'allure d'une enquête, celle que va mener Maria pour percer les mystères qui entourent sa naissance.
Il sera question de Franquisme, d'Opus Dei, d'ETA, de bébés abandonnés, d'ADN, de coups de feu ...
Et puis, les questions comme : qu'est-ce que c'est être une mère ? et que veut dire être la fille de quelqu'un et la fille de personne ?

Toute cette histoire est incroyable, et pourtant, tout est vrai !

Marria Larrea dit y avoir mis ses tripes, elle y a surtout mis beaucoup de talent.
Sa langue est très évocatrice, vivante, le ton est espiègle et son récit est plein d'humanité.
Quand la vérité toute crue éclate et se révèle, on est bouleversé puis libéré avec elle.

Ce premier roman est une réussite et il est impossible à lâcher, on est comme aspiré dès la première phrase.
Une autrice (et scénariste) à suivre !