Les fantômes de Syracuse

Une ombre furtive, un labyrinthe d'escaliers, des murs qui se fissurent : la couverture de ce stupéfiant album donne le ton. Ou plutôt les tons : récit fantastique à l'onirisme charmeur, récit trouble sur une mafia locale, récit haletant sur un passé prêt à sourdre de la moindre faille, cette bande-dessinée est un ruban de Möbius sur lequel erre Matteo, mycologue de profession, de retour à Syracuse pour y donner une conférence. Mais la ville de son enfance n'est plus - plus vraiment.

De rencontres étranges en dialogues absurdes, de ruines en souvenirs, Les fantômes de Syracuse a l'art des chemins détournés. On glisse dans un rêve, on y perd ses repères, on rit beaucoup et l'on s'interroge tout autant. La douce épure du trait de Jean-Pierre Duffour, son dessin aussi naïf que rigoureux, teinte de délicatesse le scénario vertigineux d'Alexandre Kha. Une pépite qui résonne longtemps après la lecture !

[Florian]