Le Mauvais Genre

Avis aux amateurs des Liaisons dangereuses! Quand un Belge s'attaque au mythique roman de Choderlos de Laclos, ça dépote! Laurent de Graeve (1969-2001) en avait fait son livre de chevet depuis toujours et il a profité des angles morts laissés dans l'épilogue du roman épistolaire du XVIIIème pour déployer son imagination et répondre aux questions laissées sans réponse... Ce roman, récompensé à sa sortie par le Prix Victor Rossel en 2000, est donc le journal intime de la Marquise de Merteuil (souvenez-vous de l'adaptation géniale de Stephen Frears et de la terrible Glenn Close). Avec une plume très soignée (Ah! le passé simple, l'imparfait du subjonctif...), insérant des problématiques très actuelles, l'auteur réhabilite la Merteuil et lui fait vider son sac. Le temps de la vérité est arrivé. Muselée depuis l'enfance, la Marquise a toujours tenu le rôle qu'on lui avait assigné, celui d'une femme dans un monde d'hommes, celui du "mauvais genre". Elle s'est tu, a ravalé sa rancœur, sa colère et aujourd'hui, l'heure de la vengeance a sonné. Elle parle. Elle explose.

Si l'auteur fait quelques entorses à l'Histoire, c'est pour mieux servir un discours qui dénonce l'homophobie, la société patriarcale, le viol... On peut effectivement considérer que Le Mauvais Genre est un roman féministe, gay et queer. Et c'est tout l'intérêt de l'ouvrage que de proposer un questionnement très actuel sur un fond historique très précis.

[Laure]