Le grand secours

7h30. Bondy Nord, Seine-Saint-Denis. Sous le carrefour invraisemblable de l’autoroute.
Un policier passe à tabac un lycéen, sous la caméra d’un élève.

8h au lycée. Les personnages se croisent. Mo, Sara, les élèves. Candice, la professeure de
français, ses collègues, la CPE. Paul, écrivain invité pour animer des ateliers.

On les suit d’heure en heure. Se bousculer, se questionner. Bouillonner. Les professeurs,
abandonnés par l’Éducation Nationale, préparent une manifestation. Les élèves relaient en
boucle l’altercation du matin. La colère monte.

Si Thomas B. Reverdy est professeur dans un lycée de Seine-Saint-Denis, son texte n’est pas
pour autant un essai ou un documentaire. C’est une histoire « vraie » mais pas « réelle »,
où avec justesse, l’auteur dit tout autant le désenchantement que l’espoir.
Où la violence, la colère, l’abandon côtoient le rire, le rêve, l’amour naissant.
Chapitré comme un emploi du temps haletant, ce roman choral à l’écriture ciselée donne la
parole à une galerie de personnages justes et sincères, tout en imprimant dans l’esprit des
lectrices et lecteurs des images aussi fortes que poétiques.

Car c’est bien la poésie, comme une rage de vivre, qui traverse l’œuvre, sous la plume de Mo,
lors des ateliers d’écriture de Paul, dans ces « après-midi de rien » où se tient prêt à jaillir
« la beauté qui sauve ». Peut-être est-ce cela, le grand secours ?

[Florian]