Lacan écoute les Cramps & autres pulsions parallèles

Inutile d'avoir fait une thèse de philosophie pour entrer dans ce beau petit livre noir au titre intrigant !  
Une chose est sûre, si vous aimez la musique et vous posez des questions vous allez vous régaler.

Ce livre est composé de trois textes qui nous présentent trois situations aussi surprenantes qu'improbables :
1 : Le 13 juin 1978, Jacques Lacan assiste à un concert donné par les Cramps au Napa State Hospital en Californie.
2 : Le 30 octobre 1975, Gilles Deleuze et Félix Guattari assistent à un concert donné par Can à Stuttgart.
3 : Le 16 janvier 1966, Michel Foucault, invité par la New York Society for Clinical Psychiatry assiste à un concert donné par le Velvet Underground au Delmonico Hotel.
Dans ces trois uchronies, László imagine donc une rencontre entre quatre intellectuels français qui ont marqué le XXe siècle et trois groupes de rock cultes.
S’émancipant de toute règle ou code grâce à la fiction, il nous propose une histoire facétieuse et fantasmée de la pensée et du rock; le tout, avec beaucoup d'humour, de finesse et d'intelligence et sans la pédanterie qui pourrait faire de cet anti-essai un livre pour "intellos". 

László se situe quelque part dans une zone frontière, une zone inexplorée de la pensée, là où naîtraient de nouvelles idées.
Cette parodie d'essais a le mérite de nous donner envie de lire ou re-lire Lacan, Deleuze et Foucault tout en nous donnant de nouveaux objets à penser. Sa façon de bâtir des ponts entres les différents domaines de savoirs est très originale et stimulante.
Une belle surprise !

Enfin, qui mieux que l'auteur pour vous présenter le projet de ce livre et vous donner le ton de cet OLNI :

« j'ai surtout envie de propager cette devise crampsienne que n'aurait peut-être pas rejeté Lacan : "Stay Sick !"
Pour envoyer se faire voir tous les princes des passions tristes (politiciens, prêtes etc.), chantres du développement personnel, des errements empathiques, sympathiques, de la bonne humeur imposée, de la novlangue, et surtout, continuer à envoyer se faire voir le renoncement, qui restera toujours un truc de prêtre, plutôt "renoncer au renoncement chrétien" comme le disait si bien Jacques Nassif dans son indispensable Pour Bataille (éditions des crépuscules, 2019). Car s'il s'agissait (seulement) de se "soigner", la psychanalyse n'aurait rien à apporter... donc "Stay Stick !"
László, dans une de ses publications.

[Annette]