#Polar, Policier & thriller
Un polar choral captivant dans l'Algérie des années 80!

Saïd KHATIBI
La Fin du Sahara
Envie de changement? Lisez La Fin du Sahara!
Nous sommes à la fin des années 80, quelque part dans une petite bourgade en Algérie où rien ne marche vraiment . On a découvert le cadavre d'une jeune fille au "Pré", lieu peu recommandable. Zakia Zaghouani était chanteuse dans un hôtel pour touristes baptisé "Sahara".
L'intérêt principal de l'ouvrage réside dans la diversité des points du vue donnés: chaque narrateur s'exprime à la 1ère personne, appartient à une classe sociale particulière, a un lien particulier avec la victime et son entourage et chacun à sa façon va mener son enquête pour découvrir la vérité: Hamid, un genre de Derrick à moustache, flic pourri, qui entretenait une liaison avec la victime; Achour, gardien de troupeaux de brebis qui a découvert la victime; Ibrahim, loueur de cassettes VHS dans la boutique "La Rose des sables"; Hadj Mimoun Belassel, le patron du Sahara; Kamel Belattar, réceptionniste à l'hôtel; Bachir Labtam, le coupable idéal, jeté en prison sans ménagement, sans jugement non plus; Halima Zaghouani, la mère de Zakia; Nora Arkoub, avocate, cousine et amie de Bachir (et amante d'Ibrahim); Safia Bechiche, rivale de Zakia; Fodel, frère de Nora, trafiquant de haschich.
L'histoire se déroule sur environ deux mois mais cette enquête n'avance pas. On piétine. Les raisons sont assez évidentes et ce n'est donc pas de ce côté qu'il faut chercher l'originalité du texte. Le lecteur assemble les pièces de cette enquête au fur et à mesure du récit de chacun. Celle qui n'a pas droit à la parole parce qu'elle est morte se révèle un être complexe... On découvre donc progressivement la complexité des liens qui unissent ces personnes, et la difficulté à vivre dans cette société algérienne gangrenée, corrompue, où tout s'achète, se monnaye, où rien ne fonctionne simplement. On garde un goût de poussière tout le long de l'histoire. On sent le renfermé, le vieux. A l'image de cet hôtel qui se délabre. Derrière cette belle façade, ce n'est pas très joli...
Le piment de ce roman réside également dans les petits commentaires glissés dans l'histoire, à travers le point de vue de chacun sur la société algérienne. C'est instructif, étonnant et mordant! Ce roman est une critique sociale assez aiguisée du système patriarcal algérien où la femme est toujours coupable: un divorce? la faute à Madame. Un viol? la jeune fille ne se tenait pas bien. C'est finalement assez simple.
L'humour est omniprésent, c'est très bien écrit (très bien traduit de l'arabe par Lofti Nia).
C'est une lecture originale, étonnante et vraiment intéressante! Une belle découverte!
[Laure]