L'or des mélèzes

À base de coups de pinceau pétillants, ce roman nous dépeint l’histoire d’une communauté innue jadis nomade et aujourd’hui hélas sédentaire.
Pishimuss, une ainée des lieux, se remémore son passé nomade entre prose et poésie : elle a perdu des paysages, des amours, des amitiés. Ses proches aussi parcourent la vie entre mystères et douleurs. Elle nous parle de Matthias, tourmenté jusqu’à l’autodestruction, pour qui le seul espoir de rédemption est la compagnie d’un vieux chasseur de caribous. Sa mère Sophie pleure son fils mort en vie et craint pour sa petite fille, adolescente et vulnérable. Entre les lignes des chapitres courts, percutants, on comprend la souffrance du sédentarisme forcé, les ravages de l’alcool, la violence des pensionnats qu’on devine à travers quelques mots seulement…
Mais la douceur est toujours là, et quelques touches d’humour aussi. Jamais le texte n’abandonne la poésie, tout comme le peuple innu qui n’abandonne jamais la nature qui l’a enfanté. Le nomadisme du passé continue à être la racine dans laquelle s’inscrit l’identité de cette communauté.
Le style est fluide, vigoureux, vibrant, tant qu’on ne peut pas s’arrêter de lire. Carole Labarre réussit ainsi à nous dessiner le passé et le présent de ce peuple de survivants, et nous émerveille de son originalité littéraire.

[Elisa]