#Roman Poche
Alors on danse...
Victor Jestin
L'homme qui danse
Arthur ça le travaille, son corps, les autres, les relations à nouer, la distance, sa solitude. L'amour surtout. "J'aurais voulu (...) être suffisamment serein pour pouvoir penser à autre chose, avoir parfois le temps de ne pas avoir envie d'aimer."
Phare au milieu de ses nuits, stroboscopes de ses errances, se dresse, aussi effrayante qu'envoûtante, La Plage, discothèque en bord de Loire où le jeune homme apprend à se découvrir. Peu à peu, porté par une furieuse envie d'être, il n'a de cesse d'y retourner, de semaines en années, de danses en rencontres, d'amitiés violentes en amours fugaces, toujours plus près de s'y noyer "comme dans un bain bouillant".
Avec précision et délicatesse, Victor Jestin offre une radiographie sous les néons des faux-semblants, des injonctions, de la solitude moderne vue à travers les pathétiques tentatives d'un introverti pour faire corps, pour faire place, sur la scène sociale. La nuit est essorée, rendue à sa plus juste anatomie, et si l'aube nous trouve éreintés, c'est "qu'un trait d'émotion [nous] est remonté droit du cœur à la gorge." Un magnifique roman où l'élégance des images et l'épure du style se lient en une chorégraphie fascinante.
[Florian]