L'Homme peuplé

De livre en livre, Franck Bouysse me bouleverse, me transporte, m’éblouit. Quelle langue magnifique ! « L’homme peuplé » est-ce cet écrivain, Harry, qui vient s’installer dans une maison isolée pour se retrouver après un premier roman au succès foudroyant ? Ou bien est-ce Caleb, son voisin, paysan reclus victime d’une histoire familiale sordide ? Ou encore Paul, le fils des propriétaires précédents ?

Chacun prend la parole tour à tour, tirant des bribes du passé pour mieux nous amener à comprendre le présent. Autour d’eux, l’hiver, la neige, le froid, magnifiquement illustrés sur la couverture, les entourent de brume et de silence, propice aux méditations intérieures et aux peurs.

Le récit de Caleb, autour de son quotidien de labeur sous le joug maternel, est vibrant de poésie, de la poésie de celui qui la vit, qui voit le prodige du quotidien dans le vol d’une mésange, dans le chien qui dort ou dans la neige qui ploie le cerisier. Sa voix est émouvante, sombre, désespérée.

Harry  s’interroge sur lui-même. L’hostilité qu’il perçoit chez les gens du village a des résonnances dans sa propre histoire. Un bon écrivain ? Un bon fils ? Un bon amant ?

Caleb, Harry, Paul, Franck Bouysse tisse sa toile comme un thriller, tirant de petits fils pleins de douceur et de beauté, de douleur et de violence.

A lire absolument  ainsi que Buveurs de vent;  Né d’aucune femme et tous les autres bien sûr !!! [Claire]