L'allègement des vernis

Aurélien, directeur du département des peintures du musée du Louvre, se retrouve malgré lui, responsable du projet de restauration de La Joconde - chef d’œuvre ultime - qui, à lui seul, pourrait déclencher une guerre diplomatique.
Il va devoir trouver la personne capable de tenir le coton tige, supporter la pression, avec assez d'expérience et de talent pour "alléger les vernis" qui rendent l’œuvre opaque, illisible, verdâtre.
Paul Saint Bris utilise comme décor principal, le plus beau musée du monde pour mettre en scène une galerie de personnages, tous, très attachants et charismatiques : de l'homme de ménage à la nouvelle présidente du musée en passant par les conservateurs, régisseurs, restaurateurs et chercheurs qui font la vie du musée du Louvre.
Aucun personnage n'est secondaire et en passant de l'un à l'autre, le déroulement du récit est rythmé, original et extrêmement bien maîtrisé. Jusqu'au dénouement, inattendu, qui nous donne une envie furieuse de fréquenter davantage les œuvres.

Paul Saint Bris réussit à nous attacher à l'intrigue et aux personnages, en nous cultivant au passage.
Sans oublier l'humour, savamment distillé çà et là, au moment où on ne l'attend pas, qui rend la lecture de ce roman d'autant plus réjouissante !

Il interroge de façon subtile notre rapport à l'art, à l'image, à la culture et au temps qui passe.
(L'allègement des vernis ne bénéficierai pas qu'aux œuvres ...)
On pense à Walter Benjamin et son travail sur le concept de l'Aura de l’œuvre (l'oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique), on pense à nos premières émotions face à un chef-d’œuvre, mais surtout et c'est ce qui rend ce premier roman remarquable : que l'on soit intéressé ou non par la peinture, la culture, la restauration des œuvres, que l'on soit connaisseur ou non, ça reste captivant !

Un lecture réjouissante et passionnante, vivement conseillée !

[Annette]