Grande couronne

Observons la couverture du livre : un ananas abandonné dans un sac plastique sur le bitume avec en arrière-plan des mégots de cigarettes… Qu’est-ce que ça nous raconte ? Du soleil, du rêve, de l’exotisme devenu objet de consommation courante, mais inaccessible. C’est la société du gâchis, de la surconsommation (la narratrice qui a 14 ans cite des noms de marques à gogo, ne rêve que de ça et focalise, le soir, dans sa chambre, sur le « tapis roulant de ses rêves »), loin de toutes préoccupations écologiques. C’est l’espoir abandonné, là, sur le coin du bitume (celui de la grande banlieue parisienne) où moisit la narratrice du roman. L’espoir d’une famille unie quand la sienne vole en éclat, l’espoir d’être un jour hôtesse de l’air quand elle intègre un réseau de prostitution appelé « Magritte » (pour évoquer la spécialité du réseau). L’écriture est pleine de trouvailles langagières, de marques d’oralité ; c’est vif, trash mais jamais vulgaire. Et surtout, on s’attache tout de suite à cette ado, véritable soutien de famille, qui épaule sa mère, s’occupe de ses petits frères, s’inquiète pour sa grande sœur et évolue au fur et à mesure d’une histoire qui mêle trivial et terrible et qui fait rire aussi. Et elle n’a pas dit son dernier mot ! Une réussite ! [Laure]