#Roman
Roman puissant et lumineux sur le combat d’une vie qui commence pour quitter l’enfer…
Olivier DORCHAMPS
Fuir l'Eden
Bien sûr on pense aux films de Ken Loach en lisant ce deuxième roman d’Olivier Dorchamps qui nous avait déjà bouleversées avec Ceux que je suis. C’est un roman social sombre et lumineux à la fois, sans misérabilisme car on entraperçoit quand même la lumière au bout du tunnel.
Adam a 17 ans. C’est le narrateur de cette sombre histoire. On est loin du paradis mais il s’appelle Adam. Et il habite L’Eden. En banlieue de Londres. Au 13ème étage d’une barre de béton de 98m de haut qui se déplie sur 24 étages et 130m de long. L’Eden Tower, un des plus beaux exemples de Brutalisme au monde, courant d’architecture des années 50 à 70. Et c’est bien de brutalité dont il est question dans cette histoire.
Brutalité d’un père jamais nommé autrement que par « L’autre » dans le récit, père qui a sombré dans l’alcool et la violence, qui bat sa femme et accuse son fils de tous les maux.
Brutalité du départ de la mère qui abandonne un beau jour ses enfants, Lauren 4 ans et Adam 9 ans. Partie rejoindre un autre en Espagne. Reviendra-t-elle un jour ?
Brutalité de l’environnement où grandit Adam : du béton, pas de verdure, du trafic qu’Adam parvient à éviter en se réfugiant dans le travail « honnête » payé une misère. Amitié-refuge de ses potes aussi : l’Africain Ben, le Polonais Pav. Et havre de paix chez Claire, une riche bourgeoise ancienne professeur de littérature à l’université, devenue aveugle après un attentat dans lequel elle perdu sa fille et son mari. Elle paye Adam pour des heures de lecture à voix haute plusieurs fois par semaine. Et des conseils sur la vie, à grand renfort de citations littéraires. Une découverte pour Adam. Une entrée en littérature.
Brutalité qu’Adam essaie par tous les moyens de gommer pour l’unique personne qu’il aime par-dessus tout : sa petite sœur, Lauren, pour qui il retouche le passé, mettant de la couleur là où il n’y en a pas, floutant les contours des souvenirs…
Fuir l’Eden, c’est l’unique objectif d’Adam. Quitter ce trou, cette misère. Lutter contre le déterminisme
Et un jour, il rencontre Eva. Sur le quai de la gare de Clapham Junction. Et un choc survient…
L’écriture est tout dans ce roman. Chaque mot compte. La langue est fluide et très travaillée pour restituer la voix d’un ado de 17 ans qui a grandi trop vite. On a brisé son enfance, piétiné son innocence. On l’a projeté très violemment dans le monde laid des adultes. Gueule de racaille, carrure prometteuse de boxeur. Comme « l’autre ». Mais Adam fera tout pour ne pas lui ressembler et demeure « tiraillé, à mi-chemin entre l’angoisse et l’espoir », celui de quitter l’Eden.
Roman éprouvant, bouleversant, captivant.
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