Everglades

Mais comment fait-il? comme fait Roger pour nous surprendre encore? nous embarquer là où on n'a pas envie d'aller, dans une prison au beau milieu du parc sauvage des Everglades d'où personne ne peut s'échapper sans risquer la mort?... Et pourtant, c'est là qu'on est, dans un presque huis-clos où l'on se régale encore et toujours, parce que seul Roger John Ellory est capable d'allier une intrigue tendue à l'extrême, une palette d'émotions d'une richesse incroyable, une réflexion permanente sur la condition humaine, les enjeux sociétaux et lui seul sait développer avec autant de finesse la psychologie de ses personnages, toujours confrontés à des dilemmes cornéliens, obligés d'affronter les fantômes du passé, d'interroger leurs choix....

Dans ce nouveau roman noir, le lecteur suit Garrett Nelson, qui, suite à une grave blessure, doit quitter ses fonctions d'adjoint au shérif du comté de DeSoto et endosser le costume de surveillant de prison à Southern State au beau milieu du parc sauvage des Everglades. Garrett est un homme solitaire qui a coupé les ponts avec ce qui lui restait de famille et s'est convaincu que vivre seul, coupé de la société, serait la meilleure des solutions pour lui. Le lecteur découvre donc à sa suite, ce milieu pénitentiaire terrible, ses lois, ses clans, son fonctionnement et les "derniers quartiers", c'est-à-dire, la dernière cellule avant l'exécution pour les condamnés à la chaise électrique. C'est terrifiant.

L'auteur ne nous donne à lire que les pensées de Garrett, ballotté entre la satisfaction d'avoir retrouvé un nouveau métier, lui qui est à présent handicapé, le bonheur incommensurable d'avoir trouvé une âme soeur, quelqu'un qui est là pour le soutenir, faire des projets avec lui et les angoisses qui naissent au fur et à mesure qu'il découvre ce centre pénitentiaire, ses enjeux et le questionnement permanent qui l'assaille à chaque fois qu'il prend ses fonctions.

Ces 450 pages filent à toute allure. Everglades est un roman noir redoutablement écrit et très bien traduit, tendu à l'extrême, plein de finesse et d'émotions, de réflexions sur l'humanité. Il y a de la noirceur bien sûr, mais aussi beaucoup de lumière. Garrett découvre qu'on peut vivre heureux malgré tout, qu'il est possible de faire des projets, d'envisager l'avenir sereinement en prenant appui sur ses failles sans chercher toujours à les dissimuler. Il est possible d'aimer, de partager, et de faire en sorte que notre passage sur terre ait un sens...

Venez écouter Roger parler de ce dernier roman à La Petite Librairie le mardi 20 mai prochain à 19h!