Comme des bêtes

Un drame s'est produit dans la vallée: une fillette sortie de nulle part est retrouvée à proximité d'une grotte. C'est de la faute du fils de Mariette, l'Ours. Violent, idiot, muet, il est le bouc émissaire parfait.

A travers les dépositions des habitants de ce coin de montagne reculé, on reconstitue les faits et le parcours de vie de l'accusé. On y mesure surtout le poids des jugements, des rumeurs, des biais induits par l'étiquette de "marginal" qu'on lui a collé depuis son plus jeune âge. Étiquette qui a notamment justifié une intervention musclée des forces de l'ordre. Pourtant, derrière elle, se cache une tout autre vérité, qui prend progressivement forme au fil des interrogatoires. Une vérité empreinte de douceur, une vérité auréolée de la magie d'une légende associée à cette grotte, la grotte des fées. Ces fées viennent d'ailleurs nous chanter leur mélopée entre chaque interrogatoire et leurs paroles tentent d'éclairer mais aussi d'amortir le déroulé violent et inéluctable de l'enquête. Car, et c'est en cela que ce roman prend des allures de conte terrible, on observe, impuissants, la marche d'une machine judiciaire aux rouages bien huilés, qui peut difficilement s'arrêter et qui écrase au passage les plus faibles, ceux qui ont choisi ou pas d'être différents.

Ce court roman, intense, est porté par une écriture rythmée avec des phrases ciselées. Chacun des chapitres est le témoignage d'un habitant et la retranscription de l'oralité, particulièrement bien réussie, rend le texte extrêmement vivant. Un grand merci à Olivier P. de nous avoir fait découvrir ce texte !!

[Fanny]