Belette

"Au début de l'histoire, il y a de l'amour. À la fin, aussi. Entre les deux : la terre tremble, un monsieur meurt, et mon vélo avale des kilomètres de cabosse, de gros cailloux au fond de la gorge et de rêves de grands qui font trop de bruit. Je suis rien. Rien que Belette. Et c'est beaucoup."

Une mère partie, un père cogneur, un Pierre tombé pour un baiser qui colle. Belette, elle, dévale. Avec Babine, sa meilleure amie, sa bicyclette, elle s'échappe pour la Grand plage, trouve repli dans un bunker, entame sa résistance. Elle affirme sa poésie. Celle qui cavale, qui décale, qui "dé-case". Ici, on danse avec les mouettes, on parle avec le vent, on naît du carrefour, on exulte, on explose. C'est cet élan qui la pousse, Belette, l'élan poétique. Dans une langue joyeusement argotique, sacrément étourdissante, elle crie sa vie, elle est "L-I-B-E-R-T-É-E". On n'est pas près d'oublier ce personnage fulgurant, ni la langue du texte, souple, attentive aux détails, aux sonorités, à même de recueillir les grains de sable, les grains de soi, de cette "Zazie dans le bunker" magnifique. Une lecture superbe.

[Florian]