Azul

Ah ! Enfin du nouveau, du prenant et de l'original ! C'est avec une joie non dissimulée que j'ai plongé dans les premières pages de ce nouveau roman d'Antonio Da Silva et avec une pointe de tristesse que j'ai refermé l'ouvrage ... Qui n'a jamais rêvé, enfant, de pouvoir pénétrer physiquement dans un tableau ou dans un dessin animé ? J'ai retrouvé dans ce roman à mi-chemin entre le roman policier et le roman d'aventures, mon enthousiasme d'enfant devant Mary Poppins ! C'est délicieux ! On suit Miguel, jeune lisboète qui a le pouvoir singulier de rentrer dans les tableaux accrochés aux murs de sa chambre. Il lui faut, pour y arriver, combiner deux éléments : la concentration et la douleur. Mélange étonnant mais efficace qui lui permet de croiser une foule de personnages, de " vivants dans le cadre ", de pénétrer le hors champ, de savourer la composition des pigments utilisés par Van Gogh ou Bruegel, ou Monet ... Il s'est donné comme mission de réparer ce qui est mal fichu, de guingois. S'il pénètre une toile en baskets Adidas et sac Eastpak, il s'y retrouve en sabots, équipé d'un baluchon. Sa barre chocolatée s'est transformée en saucisse ... ce n'est pas grave, mais pas toujours confortable. Il s'adapte. Le problème est qu'il est tombé amoureux d'une fille, croisée au hasard de ses pérégrinations picturales. Il la cherche. Mais il est à son tour poursuivi par une force tapie dans l'ombre, menaçante, qui s'attaque à tous ceux qu'il aime ... Le suspense est habilement ménagé par le changement de rythme, le changement de voix narrative aussi : on passe d'un récit à la 1ère personne dans la " réalité " à un narrateur plus distant une fois que Miguel est entré dans une toile. C'est un peu déstabilisant au départ, puis, au fur et à mesure, on s'adapte nous aussi, on prend le pli et on se régale ! Le plaisir est encore décuplé quand on peut consulter en direct, dans un livre (ou sur un écran, c'est quand même pratique ...) les œuvres citées dans l'histoire. Un vrai bon moment de lecture avec ce roman jeunesse qui ravira les plus curieux des ados ! [Laure]