Apér'Auteur #27 avec Roger Jon Ellory

à la petite librairie

Ellory nous emporte dans les tourments de l'âme humaine.

Encore un coup de maître pour le grand Roger John Ellory! Au Nord de la frontière est un très bon polar et une fois encore Ellory nous plonge dans les tourments de l'âme humaine, peignant avec brio des personnages en proie aux doutes, aux regrets, à la culpabilité dans une Amérique cruelle et violente.

Un peu comme au début d' Une Saison pour les ombres, son précédent roman, on découvre un personnage qui a choisi de tirer un trait sur son passé et ce passé refait surface de manière brutale, le contraignant à regarder en face ce qu'il s'était efforcé d'oublier. Victor Landis, shérif d'une petite ville de Géorgie est un homme solitaire qui n'a pas refait sa vie depuis la mort de sa femme. Il est brouillé avec son unique frère depuis 15 ans. Le récit s'ouvre sur l'annonce de la mort brutale de Frank, ce frère ignoré depuis des années, shérif lui aussi à quelques kilomètres de là où habite Victor, près de la frontière avec l'état voisin du Tennessee. Victor se rend sur les lieux du crime, puisque c'est clairement un homicide, et découvre l'existence d'Eleonor et de Jenna, l'ex-femme et la petite fille de 11 ans de Frank. Victor va se retrouver à surveiller les avancées de l'enquête (qui n'est pas sur son secteur) et se rendre compte qu'il y a beaucoup de zones d'ombre dans cette affaire. En parallèle il est chargé de mener, ce coup-ci, officiellement, une enquête sur toute une série de meurtres atroces perpétrés sur des jeunes filles. Il va croiser sur sa route bon nombre de sales types trempant dans divers trafics, mesurer que la corruption est omniprésente, douter de tout le monde, y compris de son propre frère qu'il pense largement impliqué. (...)

C'est terriblement bien écrit, le suspense, grâce à la brièveté des chapitres, est redoutable. Le plus efficace et le plus addictif est, je crois, ce point de vue exclusif du protagoniste, Victor. Le lecteur n'en sait pas plus que lui sur l'affaire, découvre ses méandres au fur et à mesure et se fait surprendre à chaque rebondissement. L'immersion est rapide et totale et renforcée par l'usage d'expressions bigarrées qui font couleur locale. C'est la Géorgie, aux pieds des Appalaches, l'Amérique profonde. Une fois de plus, les personnages sont très incarnés sans qu'il y ait forcément de description physique détaillée. C'est la marque du talent de l'auteur qui peint des caractères complexes et fait vivre ses personnages sous nos yeux.

Quelle maîtrise! Du très grand Ellory !!!! [Laure]