Apaiser nos tempêtes

Jean Hegland, l’autrice de Dans la forêt (Gallmeister, 2017), qu’on avait adoré, revient avec un roman intimiste et profondément touchant, dans lequel s’alternent deux récits de femmes qui se construisent.
Il y est avant tout question de maternité. Deux jeunes femmes qui ne se connaissent pas, Cerise et Anna, tombent accidentellement enceintes à la fin des années 70. La première choisit de garder son enfant, la seconde d’avorter. Ces choix marqueront leurs vies respectives à jamais. On suit leurs parcours sur une dizaine d’années, Anna devient mère à son tour, et on découvre la manière dont la maternité les transforme. On réalise à quel point l’expérience de la maternité est finalement profondément solitaire tant elle relève de l’intime. Néanmoins, Jean Hegland réussi brillamment, grâce à son écriture empathique, à rendre cette expérience universelle : on se reconnait toutes dans leurs joies, dans leurs doutes, dans leurs angoisses, dans l’amour inconditionnel envers leurs enfants. Que c'est beau !!
Il y est aussi question de l’Amérique, de ses violences sociales : alors qu’Anna vient d’un milieu plutôt aisé, elle devient photographe et se marie à un professeur d’université, Cerise, mère-célibataire, évolue dans une sphère très précaire qui va la mener rapidement au plus bas, à la rue.
Enfin, il y est question d’amitié et d’entraide : les chemins d’Anna et Cerise finissent pas se croiser et c’est cette rencontre qui permet aux deux jeunes femmes de se reconstruire et d’avancer. Comme dans Dans la forêt, Hegland appelle à la solidarité entre femmes, à la sororité.